Yona Friedman - 1001 nuits + 1 jour - Exposition | mfc-michèle didier | Paris - Bruxelles - PARIS
Exposition du 6 juin au 3 septembre 2014
Vernissage le 5 juin de 18h à 21h en présence de l'artiste
Animaux, Mythes, Villes, Contes nègres, Fragments, Miracles: voici six chapitres aux titres évocateurs qui viennent rythmer le conte dessiné des 1001 nuits + 1 jour de Yona Friedman, nouveau livre d’artiste produit et publié par mfc-michèle didier en ce printemps 2014.
Les dessins constituant 1001 nuits + 1 jour recouvraient à l’origine les murs du premier atelier parisien de l’architecte, situé boulevard Pasteur. Ce décor, conçu dans les années 1960, est démonté en 1968 lorsque Friedman quitte l’atelier du boulevard Pasteur pour son appartement, aujourd’hui célèbre, du boulevard Garibaldi. 168 dessins de ce décor sont aujourd’hui reproduits dans le livre 1001 nuits + 1 jour. Le nouveau décor mural du boulevard Garibaldi, véritable « merzbau » du XXIème siècle, est quant à lui désormais entré dans les collections du CNAP.
« La question du décor est fondamentale chez Friedman (...) il ne conçoit pas l’architecture sans sa décoration » souligne Caroline Cros1. Il est donc inconcevable pour lui de penser son atelier les murs vides, « ce qui compte c’est de personnaliser son espace vital » poursuit-elle. « ... j’ai créé mon propre monde, pour m’approprier mon cadre de vie. Je suis convaincu que chacun peut en faire autant » confirme Yona Friedman. Cette idée que l’individu serait le responsable de l’amélioration de son environnement en étant lui-même acteur de son évolution est prégnante dans le système de pensée de Friedman. Il développe ce principe dans le manuel A better life in towns, commande du Conseil de l’Europe en 1980 pour une campagne sur le renouveau des villes.
C’est d’ailleurs ce que l’architecte propose ici dans son livre, il offre à chacun la possibilité de redéployer le décor du boulevard Pasteur sur ses propres murs. En effet, tous les dessins de 1001 nuits + 1 jour sont prédétachables et peuvent ainsi reconstituer un décor. Selon les dispositions choisies, de nouvelles associations voient le jour, de nouvelles histoires se racontent alors. Il est également possible de redéposer les dessins à leur place initialement prévue dans le livre par l’architecte. La couleur des dessins est aujourd’hui un peu passée comme si elle avait été effacée à la fois par le soleil et par le regard de l’architecte, seuls les pigments les plus résistants ont tenu. On devine alors la richesse des tons, à l’origine soutenus, choisis par Friedman.
L’atelier du boulevard Pasteur, était petit, 27 m2, mais l’imaginaire de Yona Friedman était déjà démesuré. Il s’échappait de cette réalité exiguë pour des ailleurs dessinés par ses soins: des espaces dans lesquels il lui aurait fait bon vivre — Atlantis, Oasis sans désert — avec de douces compagnies féminines, « les amies de mes amies » écrit l’artiste... Friedman s’échappe aussi en dessinant des légendes et des contes inventés, détournés ou réadaptés à son goût comme l’histoire de Samba Gana à Ségou ou celle de Saint Georges que Friedman choisit de confronter non plus à un dragon mais à un crocodile. L’ensemble est constitué de 168 scènes-dessins illustrés à la manière « naïve », un style qui lui est propre et qui se retrouve notamment dans l’un de ses films d’animation Les aventures de cheveux lion[2]. L’influence de l’Afrique se ressent dans le dessin comme dans les sujets, quoique Yona Friedman range dans ses Contes nègres les aventures de Don Quijote. Ce mélange des genres témoigne de la liberté de penser chère à l’architecte. Les mythologies se confondent, le centaure côtoie Adam et Ève, Noé et Gilgamesh se partagent les lions. Dans le monde construit par Friedman l’ordre des choses est bousculé, le chasseur et le rhinocéros discutent et le lion ne veut que l’amour, mais il fait peur. Les hommes, quant à eux, réintègrent le règne animal. Les amants hors de la ville et bien d’autres prennent place, dans la classification de l’architecte, aux côtés des taureaux, chevaux, oiseaux eux-mêmes conjugués à d’autres représentations légendaires: une leçon de syncrétisme et d’égalité offerte une nouvelle fois par Yona Friedman.
[1] Extraits du texte de Caroline Cros écrit dans le cadre de l’exposition Yona Friedman, des Utopies réalisées à l’Espace de l’Art Concret, centre d’art contemporain de Mouans-Sartoux en 2010.
[2] Les films d’animation de Yona Friedman ont été restaurés en 2008 par le cneai.
Exposition du 6 juin au 3 septembre 2014
Vernissage le 5 juin de 18h à 21h en présence de l'artiste
Animaux, Mythes, Villes, Contes nègres, Fragments, Miracles: voici six chapitres aux titres évocateurs qui viennent rythmer le conte dessiné des 1001 nuits + 1 jour de Yona Friedman, nouveau livre d’artiste produit et publié par mfc-michèle didier en ce printemps 2014.
Les dessins constituant 1001 nuits + 1 jour recouvraient à l’origine les murs du premier atelier parisien de l’architecte, situé boulevard Pasteur. Ce décor, conçu dans les années 1960, est démonté en 1968 lorsque Friedman quitte l’atelier du boulevard Pasteur pour son appartement, aujourd’hui célèbre, du boulevard Garibaldi. 168 dessins de ce décor sont aujourd’hui reproduits dans le livre 1001 nuits + 1 jour. Le nouveau décor mural du boulevard Garibaldi, véritable « merzbau » du XXIème siècle, est quant à lui désormais entré dans les collections du CNAP.
« La question du décor est fondamentale chez Friedman (...) il ne conçoit pas l’architecture sans sa décoration » souligne Caroline Cros1. Il est donc inconcevable pour lui de penser son atelier les murs vides, « ce qui compte c’est de personnaliser son espace vital » poursuit-elle. « ... j’ai créé mon propre monde, pour m’approprier mon cadre de vie. Je suis convaincu que chacun peut en faire autant » confirme Yona Friedman. Cette idée que l’individu serait le responsable de l’amélioration de son environnement en étant lui-même acteur de son évolution est prégnante dans le système de pensée de Friedman. Il développe ce principe dans le manuel A better life in towns, commande du Conseil de l’Europe en 1980 pour une campagne sur le renouveau des villes.
C’est d’ailleurs ce que l’architecte propose ici dans son livre, il offre à chacun la possibilité de redéployer le décor du boulevard Pasteur sur ses propres murs. En effet, tous les dessins de 1001 nuits + 1 jour sont prédétachables et peuvent ainsi reconstituer un décor. Selon les dispositions choisies, de nouvelles associations voient le jour, de nouvelles histoires se racontent alors. Il est également possible de redéposer les dessins à leur place initialement prévue dans le livre par l’architecte. La couleur des dessins est aujourd’hui un peu passée comme si elle avait été effacée à la fois par le soleil et par le regard de l’architecte, seuls les pigments les plus résistants ont tenu. On devine alors la richesse des tons, à l’origine soutenus, choisis par Friedman.
L’atelier du boulevard Pasteur, était petit, 27 m2, mais l’imaginaire de Yona Friedman était déjà démesuré. Il s’échappait de cette réalité exiguë pour des ailleurs dessinés par ses soins: des espaces dans lesquels il lui aurait fait bon vivre — Atlantis, Oasis sans désert — avec de douces compagnies féminines, « les amies de mes amies » écrit l’artiste... Friedman s’échappe aussi en dessinant des légendes et des contes inventés, détournés ou réadaptés à son goût comme l’histoire de Samba Gana à Ségou ou celle de Saint Georges que Friedman choisit de confronter non plus à un dragon mais à un crocodile. L’ensemble est constitué de 168 scènes-dessins illustrés à la manière « naïve », un style qui lui est propre et qui se retrouve notamment dans l’un de ses films d’animation Les aventures de cheveux lion[2]. L’influence de l’Afrique se ressent dans le dessin comme dans les sujets, quoique Yona Friedman range dans ses Contes nègres les aventures de Don Quijote. Ce mélange des genres témoigne de la liberté de penser chère à l’architecte. Les mythologies se confondent, le centaure côtoie Adam et Ève, Noé et Gilgamesh se partagent les lions. Dans le monde construit par Friedman l’ordre des choses est bousculé, le chasseur et le rhinocéros discutent et le lion ne veut que l’amour, mais il fait peur. Les hommes, quant à eux, réintègrent le règne animal. Les amants hors de la ville et bien d’autres prennent place, dans la classification de l’architecte, aux côtés des taureaux, chevaux, oiseaux eux-mêmes conjugués à d’autres représentations légendaires: une leçon de syncrétisme et d’égalité offerte une nouvelle fois par Yona Friedman.
[1] Extraits du texte de Caroline Cros écrit dans le cadre de l’exposition Yona Friedman, des Utopies réalisées à l’Espace de l’Art Concret, centre d’art contemporain de Mouans-Sartoux en 2010.
[2] Les films d’animation de Yona Friedman ont été restaurés en 2008 par le cneai.
Œuvres présentées
Livre, 286 pages
24 x 34,3 cm