Depuis les années 70, l'artiste produit des œuvres qui empruntent à bien des égards les caractéristiques du puzzle, à savoir une collection d'éléments disposés de manière à créer un ensemble cohérent et pertinent. Ce n'est donc pas un hasard si Allen Ruppersberg décide de travailler directement sur l'objet puzzle, puisque l'un des fondements de son œuvre réside dans la transposition et le recyclage de ses propres travaux, ou de leurs fragments. L'artiste crée sans cesse une relation particulière de chaque pièce à l'ensemble de son œuvre et fait de chaque exposition l'occasion de revisiter tout son travail en réinterrogeant ses modes de présentation.

En choisissant de créer des puzzles, Allen Ruppersberg permet au public, à l'« assembleur » du puzzle, de prendre sa place en tant qu'artiste. De cette manière, celui qui assemble le puzzle doit piocher au milieu des pièces fournies par Ruppersberg afin de constituer une image d'ensemble.

À la notion d'assemblage, propre au fonctionnement du puzzle, vient s'ajouter celle de l'absence. La soustraction est une opération fréquemment employée par Ruppersberg etThe Mystery Of Nobokov's Room and No, Sir, My Library Is Not Yours ne fait pas exception. Ici, c'est une poignée de pièces qui a été retirée de la boîte de manière aléatoire. Ce protocole imposé par l'artiste rend donc difficile voire impossible la réalisation du puzzle.

Tous les puzzles The Mystery Of Nobokov's Room and No, Sir, My Library Is Not Yours sont donc incomplets mais tous permettent de reconstituer deux images différentes, une première sur le recto et une seconde sur le verso des pièces. Le nombre de pièces est proportionnel à la capacité de la boîte qui les contient et sur laquelle sont collées les deux images à réaliser. Les boîtes quant à elles ont été chinées par Allen Ruppersberg dans les marchés aux puces. Chacune a donc un format et une origine particulière, qu'elles soient d'anciennes boîtes de puzzles ou bien de chocolats.